Véhicules connectés en Europe – La commission des transports du Parlement européen n’approuve pas le WiFi plutôt que la 5G

Véhicules connectés en Europe – La commission des transports du Parlement européen n’approuve pas le WiFi plutôt que la 5G

Le passage de la 4G à la 5G a été déclenché par la nécessité divergente de fournir des débits descendants de plus en plus importants à nos smartphones et de prendre en charge simultanément des millions et bientôt des milliards de widgets de l’Internet des objets (IoT). D’où le protocole NR, un nouveau protocole radio conçu pour gérer simultanément trois scénarios d’utilisation : mMTC [communication de type machine massive], URLLC [communication de type machine ultra-fiable] et eMBB [large bande multimédia améliorée]. eMMB cible votre smartphone, tandis que l’IoT est disponible en deux versions : mMTC pour les applications non critiques et URLLC pour les applications critiques. L’adoption des protocoles de la 5G Nouvelle radio est prévue pour fin 2019 avec la version 16 du protocole 3GPP 5G.

La vitrine de l’ULLRC est principalement constituée par les véhicules connectés : les applications V2V (véhicule à véhicule), par exemple les systèmes de sécurité anti-collision, V2I (véhicule à infrastructure), par exemple la synchronisation des feux de circulation, V2P (véhicule à piétons), par exemple les alertes de sécurité aux piétons et aux cyclistes ou V2N (véhicule à réseau), par exemple, le routage de la circulation en temps réel. Tous ces systèmes IoT impliquant des véhicules ont été regroupés sous la bannière 5G NR C-V2X : véhicule connecté à tout par le nouveau protocole radio de la 5G.

Cependant, le secteur des systèmes de transport intelligents, aussi nouveau soit-il pour l’industrie des télécoms, a été étudié à fond depuis 2004 par l’industrie automobile. Basé sur le WiFi, le protocole ITS-G5 a été normalisé en Europe par l’ETSI, l’Institut européen de normalisation des télécommunications, afin de prendre en charge les communications DSRC (communications dédiées à courte portée) entre véhicules (pour prévenir des collisions) ou entre véhicules et plates-formes en bordure de route (par exemple, pour la perception du télépéage) et ce avec le soutien de la direction générale de la mobilité et des transports de la Commission européenne, dix ans avant que la DG Connect ne cherche à obtenir le même résultat en s’appuyant sur la 5G.

L’industrie automobile européenne est divisée entre les deux normes : Volkswagen et Renault favorisent ITS-G5, tandis que Daimler et PSA soutiennent la 5G C-V2X. BMW essaie de maintenir une technologique. Le choix des constructeurs français s’explique par leurs alliances : le Japon, siège de Nissan et Mitsubishi, privilégie le WiFi tandis que la Chine, propriétaire d’un tiers de PSA, a choisi la 5G, à l’instar de la Corée. Les États-Unis ont rendu le Wi-Fi obligatoire en 2016 pour les systèmes de transports intelligents mais ont renversé cette décision en 2017.

La Commission européenne propose d’adopter un règlement délégué complétant la directive 2010/40 / UE du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne le déploiement et l’utilisation opérationnelle de systèmes de transport intelligents coopératifs. Si ce texte était adopté, il deviendrait obligatoire de mettre en œuvre le protocole ITS-G5 en Europe. Le lundi 8 avril 2019, la commission des transports du Parlement européen a été invitée à voter sur une objection à ce règlement délégué. Cette question divise les industries, les pays, mais aussi les groupes politiques au sein du Parlement européen.

Dominique Riquet, un libéral-démocrate français, vice-président de la commission des transports, a contesté la proposition de la Commission en expliquant qu’il ne s’agissait pas de jouer d’une technologie contre l’autre, mais que tous les arguments avancés par les deux parties à propos de la disponibilité des technologies, de leurs performances, de la sécurité routière ainsi que de la politique numérique globale de l’Union européenne montraient clairement qu’il y avait un doute.

Le point de vue opposé a été défendu par Gesine Meissner, une autre démocrate libérale, allemande. Elle a déclaré que la technologie WiFi était mature alors que la 5G ne l’était pas, qu’il s’agissait de sauver des vies sur les routes européennes et que cette question ne pouvait pas attendre une année de plus.

Les membres de la commission des transports ont voté l’objection au texte de la Commission. La session plénière du Parlement européen sera invitée à confirmer ce vote.